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En ce début d’année, le duo d’artistes David Brognon et Stéphanie Rollin ont décidé de faire revivre des tableaux disparus au travers de créations uniques sur la mousse des cafés servis chaque jour au Paname. Du latte art d’un nouveau genre ! Un piratage éphémère du réel pour sensibiliser sur le mystérieux destin de ces œuvres.
À l’ère où on est de plus en plus intéressé par la belle photo à prendre de notre plat ou notre boisson, pour poster sur nos réseaux sociaux, plutôt que la dégustation en elle-même, l’idée des artistes Brognon-Rollin s’avère tout simplement brillante. « Imprimer » des représentations d’œuvres d’arts disparus sur la mousse de lait grâce à une machine fonctionnant comme une imprimante, afin de les faire réapparaître dans notre réalité. Pour un temps tout du moins. « Nous avons sélectionné de nombreux tableaux qui ont été volés dans des musées il y a plus ou moins longtemps. Ne pas savoir ce qu’ils sont devenus nous a toujours occupé l’esprit » explique Stéphanie.
Les deux artistes ont découvert cette machine très spéciale lors d’un voyage à Los Angeles il y a de ça quelques années. Obsédés par cette technologie, ils se sont demandés de quelle manière l’utiliser en liant l’art au réel. Comment ça marche en pratique ? Le principe est simple : les œuvres sont « téléchargés » sur la machine qui les imprime (comme une vraie imprimante) sur la mousse de lait en envoyant, non pas de l’encre, mais de la poudre de café torréfié.
La première impression représentait l’œuvre du peintre italien Modigliani, intitulée « La Femme à l’Eventail » et peinte en 1919, qui a été dérobée au Musée d’Art Moderne de Paris lors d’un des plus gros vols de tableaux de l’histoire. « C’est fou car on ne sait pas où se trouvent ses œuvres d’art, quel a été leur destin depuis leur disparition. » Le « destin » a toujours été au cœur du travail des deux artistes. Ce fut notamment le cas de leur création faite avec des néons blancs, représentant les lignes du destin présentes dans la main de toxicomanes (Fate will tear us apart, 2011).
Chaque semaine donc, en commandant un cappuccino ou un espresso martini au Paname, vous pouvez découvrir un nouveau tableau disparu. « C’est très intéressant car en fonction de la mousse de lait, du café, la représentation ne sera pas parfaite, comme si elle avait vieillie » précise, satisfait, David Brognon. Une œuvre disparue qui vit encore à travers une impression éphémère et les photos d’elle qui sont prises par les clients. Pour disparaître à nouveau. Quelle drôle de destin la vie nous réserve parfois.


Plus d’informations : www.brognon-rollin.com