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Dans une grande boutique lumineuse et colorée de la rue Aldringen, Debbie Kirsch accueille depuis un an une clientèle fidèle. Les saris upcyclés, qui sont entre autres cousus pour former des robes, des pantalons ou des chemisiers, sont tous ornés de motifs personnalisés et très colorés. Rencontre!
Avec un master en économie et innovations durables d’Utrecht en poche, Debbie, 28 ans, s’est rendue à Bhikamkor en Inde pour y effectuer un stage de quatre mois. Elle a d’abord commencé par travailler dans une entreprise de production de coton bio, mais elle a très vite décidé de rejoindre l’organisation Saheli Women.
Saheli Women est une organisation qui produit, entre autres, des vêtements. Le groupe a été créé en premier lieu pour aider les femmes exclues de la société à retrouver le chemin de la vie. Au Bhikamkor, elles ont encore besoin de l’autorisation de leur mari pour quitter la maison et les veuves ont particulièrement du mal à être reconnues. Grâce à cette organisation, elles deviennent plus sûres d’elles, plus autonomes et plus indépendantes.
Pour éviter tout malentendu, Debbie précise d’emblée qu’elle n’a pas créé cette organisation : « Elle existait déjà avant moi et s’engage à plusieurs niveaux, pas seulement dans la fabrication de vêtements. Devï est la plus grande marque pour laquelle ils produisent, mais je ne suis pas la seule avec laquelle ils travaillent. Pour les autres marques, ils fabriquent surtout des garde-robes capsules ». De manière générale, Debbie accorde beaucoup d’importance à la coopération et fait confiance à l’avis des femmes. Elle ne prend aucune décision seule et leur laisse une grande liberté dans la conception.


Chaque année, en octobre (il fait trop chaud en été), l’entrepreneuse se rend en Inde pour planifier ensemble la prochaine collection. « C’est toujours particulièrement excitant pour moi de revoir tout le monde ! » précise-t-elle. Le lieu de travail n’est guère comparable à celui de nombreuses autres usines. « Les enfants viennent voir leur mère après l’école et jouent jusqu’à ce qu’il soit l’heure de partir. De temps en temps, des chèvres et des vaches se promènent dans l’atelier. On parle fort, on danse et on chante sans restriction. Je suis fermement convaincue que le fait de voir leurs mères travailler a un effet positif sur la vision qu’ont les enfants des femmes pour l’avenir. Cela peut faire une véritable différence dans leur village ».
Certains pourraient arguer que les vêtements parcourent un très long chemin depuis l’Inde jusqu’au Luxembourg et sont malgré tout vendus comme étant durables. Mais, il est aussi très vrai que par rapport aux grandes marques de fast-fashion, Devï est beaucoup plus respectueuse de l’environnement et surtout, l’impact culturel que la marque a sur les femmes est incomparable. « Il serait bien sûr possible de fabriquer les vêtements en Europe, mais ma relation, si personnelle et honnête, avec les femmes du Sahel est un privilège que je chéris particulièrement. Le client le remarque aussi dans le produit final. Le simple fait que chaque vêtement soit accompagné d’une photo et d’une description de la couturière est unique ».
Debbie conseille également à chacun de ne pas acheter un vêtement dont le client n’est pas convaincu à 100 %, car il doit être porté et ne pas prendre la poussière dans une armoire.


Aujourd’hui, Debbie Kirsch est très satisfaite de la demande et de la collaboration avec les femmes en Inde, et elle ne souhaite pas augmenter la production pour le moment au risque que les femmes travaillent comme dans une usine classique.
N’hésitez surtout pas à pousser les portes de cet univers coloré au cœur de la capitale luxembourgeoise (ou dans son autre boutique située à Amsterdam) pour vivre la mode autrement !
Pour plus d’informations: Devi-clothing.
Pour en apprendre plus sur Saheli women.
Photos: Devï